IPv6 Ready ?
L’infrastructure réseau est-elle prête pour l’IPv6 ? La question s’est posée très simplement pour nous au moment de chercher un hébergement pour nos serveurs. La réponse est simplement non !
IPv6 et Gandi VPS
Ayant l’habitude de travailler avec Gandi (noms de domaine et un serveur mi-pro / mi-perso), je suis allé voir leurs offres. Le serveur de base est à 7,96€ HT / mois1 en proposant seulement une IPv6. Rajouter une IPv4 au serveur représente 3,53€ HT / mois en plus, soit 44% d’augmentation !
De là est né l’envie de tester un serveur IPv6 only et de vérifier si cela fonctionne correctement dans une infrastructure réseau à destination du grand public. Après tout pourquoi pas, on dit depuis des années qu’il faut passer à IPv6 pour palier à l’épuisement des adresses IPv4.
Nous avons donc créé un petit serveur IPv6 only pour nos tests.
IPv6 et la Freebox
À la maison, mon fournisseur d’accès est Free, avec une Freebox V4 (firmware 1.5.20). La configuration par défaut de cette Freebox n’accepte pas l’IPv6, ce qui est un très mauvais démarrage pour nos tests.
Il est possible d’activer le support de l’IPv6 en allant dans les réglages, mais cela implique qu’on se restreint à un public de connaisseurs. Et puis surtout, même après activation, on se rend vite compte que ça ne fonctionne pas tout le temps.
Un [email protected]
2 va tourner dans le vide sans afficher de
prompt, alors que le [email protected]
vers ce même serveur (qui a
donc 2 IPs) va répondre tout de suite.
Et un peu plus tard, [email protected]
2 va fonctionner…
Ce n’est peut-être pas Free le fautif, c’est peut-être un élément du réseau entre Free et Gandi, mais ce qui est sûr c’est qu’il y a 2 obstacles majeurs. Il faut déjà avoir une démarche volontaire d’activation de l’IPv6, et même dans ce cas, ça ne fonctionne pas tout le temps.
IPv6 et la mobilité
Notre application Statium est proposée sur mobile ; et pour notre data-lab nous faisons particulièrement attention à ce qu’il soit compatible à 100% avec les smartphones.
Donc la 2ème question qui vient à l’esprit : est-ce que le réseau 3G et 4G supporte l’IPv6 ? Là encore c’est plutôt décevant.
Mon opérateur est Bouygues Telecom avec un abonnement 4G et mon associé a la même configuration. Nous avons effectué quelques tests pour accéder au serveur HTTP en IPv63, aucun n’a fonctionné (tests effectués avec Safari sur iOS 8).
De nouveau, ce n’est peut-être pas l’infrastructure Bouygues Telecom qui pose problème, c’est peut-être un élément d’interconnexion, mais le résultat est le même : si notre serveur est IPv6 only, on sait d’ores et déjà qu’on sera inaccessible à une partie importante du traffic mobile.
IPv6 not ready
En résumé, quand on est éditeur de services, de contenus ou d’applications avec une dépendance à internet (ce qui est une tautologie pléonasmique de nos jours), on ne peut pas se permettre d’exposer son infrastructure en IPv6 (sauf si on a l’envie d’être injoignable par la majorité de ses utilisateurs).
À l’heure du mouvement French Tech lancé par le gouvernement, il serait intéressant d’accélérer le support de l’IPv6 chez les opérateurs, sans quoi rien ne pourra se mettre en place.
La tentative de loi de Corinne Erhel va dans ce sens, mais elle n’est pas encore passée.
Et même si cette loi passe bientôt ; elle oblige les équipementiers à délivrer des terminaux compatibles IPv6 à partir du 1er janvier 2017 ; le temps que le renouvellement se propage ensuite chez les utilisateurs finaux et dans les infrastructures réseaux, il faudra compter quelques années avant d’avoir un taux de couverture IPv6 assez intéressant pour que les éditeurs passent le pas.
On n’y est pas encore !